Journal de L. (1947–1952)

Christophe Tison

Journal de L. (1947–1952), Christophe Tison, 19.5 euros, 280 pages

Le mot de l’au­teur : Écrire le jour­nal intime d’un per­son­nage de roman ! Une étrange idée qui m’est venue en reli­sant Loli­ta il y a deux ans. À l’époque, j’ai pen­sé : « Mais dans Loli­ta on n’entend jamais Loli­ta, en fait, ou seule­ment quand elle râle. » Tout est écrit du point de vue de son kid­nap­peur de beau-père, Hum­bert Hum­bert. Le mutisme de cette petite héroïne m’a tou­ché. Il m’a rap­pe­lé le mien. Mon silence. Celui que j’ai vécu enfant et que j’ai décrit dans Il m’aimait (Gras­set). À tra­vers le temps et les conti­nents, et même mal­gré sa fic­tion, cette mésa­ven­ture était la mienne. Il fal­lait que je lui donne une voix, qu’elle parle, qu’on entende enfin Loli­ta. Et quoi de mieux qu’un jour­nal intime où elle se serait confiée plei­ne­ment, sans pudeur. Où elle aurait dit la véri­té. Parce qu’après tout, le roman de Nabo­kov est pré­sen­té comme les confes­sions d’Humbert Hum­bert et il peut dire ce qu’il veut, tra­ves­tir la réa­li­té, n’en mon­trer qu’une partie.

Voyons donc le point de vue de Lolita.

Elle s’est peut-être sau­vée plu­sieurs fois ou a essayé d’échapper à ce beau père tyran­nique comme je l’avais fait moi-même. Com­ment résiste-t-elle ? Que pense-t-elle ? Elle a peut-être eu des aven­tures, des amours de col­lège qu’Humbert Hum­bert n’a pas sues, pas dites. Et que devient-elle quand elle lui échappe enfin ? C’est peut-être même elle qui a orga­ni­sé sa perte à la fin, par ven­geance… Il a donc fal­lu, c’était une néces­si­té impé­rieuse, que je me mette dans la peau d’une ado­les­cente amé­ri­caine des années 40. Que je lui trouve un style, une vie inté­rieure… Pour qu’elle parle enfin. Pour qu’elle vive sa vie de jeune fille. Et lui redon­ner voix humaine, bri­ser ce long silence. 

Auteur : Christophe Tison

Parution : 22/08/2019

Collection : ( Grand formats )

Prix : 19.5€ ( 280 pages )

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